Paris, 28 novembre 2018
Avis aux amateurs d’objets tribaux ! La maison Binoche & Giquello vous donne rendez-vous à l’hôtel Drouot le vendredi 14 décembre dès 15h30, pour une vente exceptionnelle d’art africain et océanien. Afin de conclure l’année en beauté, des œuvres issues de prestigieuses collections européennes et américaines seront proposées au public.
Le lot star de la vente est sans conteste le splendide buste féminin (figure d’ancêtre du Byeri), originaire du groupe Ntumu (Fang du Gabon). Non datée, cette statuette présente une facture attestant d’une grande ancienneté (début du XIXe siècle). Empreinte d’une grâce féminine, elle témoigne de la subtilité et de la spiritualité de l’art Fang. La tête est typique de la manière sculpturale Ntumu, affichant une face creuse à la moue « Fang ». Juché sur un coffre-reliquaire, un tel objet veillait sur les ossements des ancêtres et servait de médiateur entre les morts et les vivants. Ce trésor digne des collections des plus grands musées est estimé 1 à 1,5 millions d’euros. « Cet objet est unique, commente Patrick Caput, expert de la vente. On compte peut-être 1.000 statues Fang aujourd’hui dans le monde. Mais il existe seulement 20 ou 25 exemplaires de bustes connus. La représentation d’un modèle féminin achève de conférer à ce chef-d’œuvre une rareté exceptionnelle. »
Autre objet de prestige, un masque Grebo du Libéria en bois et pigments (estimé 400.000 à 600.000 €). Celui-ci fut présenté dans plusieurs expositions, notamment au feu musée Dapper (1992) et à la Galleria d’Arte Moderna de Turin (2004). On remarque ici la représentation originale de la face humaine : par effet d’inversion, les creux du visage se transforment en reliefs (et inversement). La forme et la polychromie attestent d’une grande ancienneté. Ce type de masque était utilisé dans de nombreuses cérémonies chez les Grebo, à l’occasion des funérailles ou des rituels guerriers. De tels objets furent parmi les premiers à parvenir en Occident et à inspirer Picasso et les autres artistes du début du XXe siècle.
D’autres lots de prestige seront mis à l’encan, comme un Grand personnage assis avec un serpent, datant des XVe-XVIe siècles. Cette sculpture du Mali en terre cuite, estimée 200.000 à 500.000 €, est emblématique de la statuaire de Djenné-Djeno (delta du Niger). Il s’agit là de l’un des styles les plus raffinés d’Afrique. Celui-ci se développa entre 700 et 1700 chez différents groupes ethniques (Bozo, Soninké, Sorko, Bobo, Marka…). Une hache Luba de prestige, Kibiki ou Kasolwa, sera également proposée (entre 200.000 et 250.000 €). Originaire du Congo, elle fut collectée par Charles Liebrechts en 1861. Elle a par la suite été montrée dans d’importantes expositions au Palais des beaux-arts de Bruxelles (1988) ou au Met de New York (2002). Cet artefact aux courbes féminines est caractéristique du style Luba, tout en grâce et en harmonie. On pourra enfin craquer pour un superbe appuie-tête originaire de Papouasie-Nouvelle Guinée, en provenance de la galerie Alain Schoffel (Paris). Estimé 150.000 à 200.000 €, il présente un visage particulièrement allongé typique des îles Tami. Contrairement à d’autres objets du même genre, les appuie-tête servaient bel et bien à dormir dans cette région. La figure supportant le plateau représenterait l’esprit ancestral, soutien de l'homme et du monde. « Cet appuie-tête est exceptionnel, commente Patrick Caput. Il s’agit d’une rareté absolue dans son genre. La représentation tout en mouvement et en asymétrie, rehaussée d’une superbe polychromie, en fait sans aucun doute le plus bel exemplaire en la matière disponible sur le marché. »
Acheteurs ou simples curieux, ne ratez pas l’exposition publique en prévente à l’hôtel Drouot, jeudi 13 et vendredi 14 décembre, à partir de 11h.