Paris, 8 septembre 2018
Quelle stratégie cherchez-vous à mettre en place ?
Avec seize éditions dans le rétroviseur, le Parcours des mondes est devenu un acteur de premier plan dans le monde des salons internationaux des arts primitifs et asiatiques. L’héritage de ces seize éditions, de tous ces d’objets vendus, de toutes ces rencontres, tout cela doit être consolidé, en maintenant ce qui a fait la qualité du Parcours des mondes jusqu’ici, la rigueur dans la sélection des exposants. La particularité d’un salon, c’est la diversité de ses parties prenantes. En premier lieu, nous nous adressons aux marchands ; ce sont nos clients et c’est avec eux que l’on travaille pendant six mois pour construire une manifestation riche. Mais notre audience, ce sont les amateurs, les collectionneurs, aux exigences pointues. Il faut parvenir à trouver un bon équilibre.
Quelles pistes suivez-vous pour consolider cette notoriété ?
D’abord, nous souhaitons valoriser l’aspect patrimonial du Parcours des mondes. Nous avons aussi ciblé la nécessité de réinventer les moyens par lesquels nous communiquons – nous nous ouvrons plus franchement aux réseaux sociaux par exemple. Dans un second temps, pour maintenir la qualité et la provenance des pièces, nous avons mis en place, depuis quelques années, un système de vetting communautaire, accompagné d’un comité d’experts. Cela nous souhaitons aussi l’approfondir. Il y a aussi les grands défis desquels nous ne pouvons nous soustraire. Dans un marché qui change très rapidement, le Parcours des mondes doit garder un œil sur les générations futures. Plus précisément, nous devons endosser un rôle de passeur, favoriser la transmission. Cela consiste notamment à créer des passerelles avec des univers périphériques aux arts non européens : l’art contemporain et l’art moderne – la présidence d’honneur accordée à Adam Lindemann va dans ce sens – et pourquoi pas des univers plus éloignés de prime abord, mais avec des connexions, comme le design ou la déco. Enfin, nous devons proposer autre chose à nos exposants qu’un simple espace à louer. Cela passe par l’organisation d’événements annexes à l’aspect commercial du salon. Cette année par exemple, nous organisons un colloque sur la question de la conservation des objets et du problème épineux des restitutions. Nous allons donner la parole à des experts de tous bords et tenter d’ouvrir les débats en cours.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la question du vetting ?
La particularité de notre démarche, c’est d’unir l’expertise d’un comité et celle des marchands, qui connaissaient et manipulent les objets depuis longtemps – certains ont une expérience de plusieurs décennies. Dans un premier temps, nous mettons en ligne les objets qui figureront dans le catalogue. Ils sont présentés de manière anonyme à tous les marchands, qui discutent entre eux – l’anonymat permettant d’avoir des avis libres. Nous tenons compte de cela. Dans un deuxième temps, avant l’ouverture du Parcours des mondes, un comité d’experts examine les stands pour contrôler les pièces – en l’absence des marchands, ce sera la nouveauté de cette année. Mais il faut tout de même rappeler que chaque galeriste a lui-même été conseillé par des experts, et jouit de son expérience personnelle. Le premier filtre, c’est celui du marchand. Il faut le répéter.
Après un passage par le milieu de l’édition chez Cinq Continents, Federica Morbelli est devenue en septembre 2017 la nouvelle organisatrice du Parcours des mondes. Force de proposition, son rôle est aussi de mener à bien l’opérationnel de l’événement.