Paris, 11 octobre 2018
Mardi 30 octobre 2018 à 16h, une exceptionnelle vente d’art tribal aura lieu chez Christie’s à Paris. Celle-ci réunira des objets originaires d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique. La vacation s’ouvrira avec 30 chefs-d’œuvre provenant du fonds Adolphe Stoclet (1871-1949). Ce banquier et industriel belge est célèbre pour avoir confié à l’architecte Josef Hoffmann la construction du Palais Stoclet (Bruxelles).
Cette demeure privée est emblématique du rôle d’avant-garde joué par l’Atelier Viennois (Wiener Werkstätte) au début du XXe siècle. Elle fut décorée par plusieurs artistes de renom comme Gustav Klimt ou Fernand Khnopff. Stoclet fit de sa maison une « œuvre d’art totale » en y exposant des objets de tous styles et de toutes époques. Il accorda à l’art tribal une place essentielle, en disposant les trente œuvres mises en vente dans son « Salon Africain ». Stoclet posséda également des objets provenant d'Amérique, d'Asie, de Grèce ou d'Italie… Il fut un important client du marchand d’art Joseph Brummer (1883-1947).
Parmi les objets de la collection, on notera la présence de plusieurs trésors congolais : un siège à cariatide Luba (300.000 à 500.000 euros), un appuie-tête Yaka (300.000 à 500.000 euros) ou un exceptionnel masque Kifwebe de la culture Songye (200.000 à 400.000 euros). Dix magnifiques œuvres en ivoire seront aussi proposées, dont une statue Yombe (100.000 à 150.000 euros). « Nous sommes très honorés d’organiser la vente d’une sélection d’œuvres issues de la collection d’Adolphe Stoclet, commente Roland de Lathuy, Directeur Général de Christie’s Bruxelles. La grande qualité de ces lots inédits attirera certainement les collectionneurs avisés d’art africain comme l’était Stoclet lui-même. »
La vacation sera suivie d’une seconde vente d’art tribal dès 16h30. Le sommet de la journée sera atteint avec la cession d’un exceptionnel masque Ngil du Gabon (estimation sur demande). Un objet rare, jadis utilisé par la confrérie secrète du même nom. Les adeptes initiés aux mystères du culte Ngil se rendaient de village en village pour exécuter des rituels dont eux seuls possédaient les clefs. Leur pouvoir magique était censé permettre de conjurer le sort, la maladie ou la mort… En 2006, un masque similaire issu de la collection Vérité avait atteint le prix record de 6 millions d’euros chez Drouot. « Les masques Ngil sont parmi les objets les plus recherchés de l’art tribal, commente Bruno Claessens, spécialiste en charge de la vente. Il s’agit d’un Graal pour les grands collectionneurs, au-delà même du seul domaine des arts africains. »
Autre lot d’exception à noter, une figure de reliquaire Fang Eyema Byeri issue de la collection André Lefèvre (700.000 à 1,2 millions d’euros). À elle seule, cette œuvre atteste d’une remarquable maîtrise de facture emblématique du « classicisme » des artistes Fang du XIXe siècle. D’autres objets remarquables jalonneront le déroulement de la vente, comme un masque Haïda en provenance de Colombie-Britannique (150.000 à 200.000 euros). Ce dernier a appartenu au cinéaste Claude Berri, dont Christie’s avait dispersé la collection en 2016.
Autant d’objets de grande valeur qui, en somme, attireront bien des convoitises... Si votre bourse est trop légère pour faire des folies, rendez-vous tout de même chez Christie’s pour découvrir l’exposition publique des œuvres. Celle-ci aura lieu du mercredi 24 au lundi 29 octobre, de 10h à 18h. Un spectacle gratuit qui vaut déjà largement le détour.