Paris, 29 novembre 2018
Samedi 12 décembre, Sotheby’s organise deux ventes exceptionnelles d’art africain et océanien pour conclure l’année tribale en beauté. Dès 15h seront dispersés de nombreux lots issus de la collection anonyme de « Monsieur Z ». La vacation se déclinera en trois pans essentiels, illustrant la vie et le parcours de ce collectionneur discret.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, Z fréquente les cercles artistiques d’avant-garde qui émergent dans la région de Bruxelles. Il côtoie les membres du groupe CoBrA : Pierre Alechinsky, Christian Dotremont, Karel Appel ou Asger Jorn. Il acquiert directement de ces artistes des œuvres remarquables au fil des années. Par ses choix et ses affinités, la collection Z illustre parfaitement l’esprit du groupe comme le rappelle le mot de Christian Dotremont : « l’art doit avoir des racines ». Une pensée commune à Z, qui enrichit en même temps sa collection d’œuvres d’art tribal (Afrique et Océanie). Comme le souligne Corneille, membre du groupe CoBrA, « l’art africain […] est un art premier […] qui n’a pas encore connu véritablement de décadence. » Z acquiert plusieurs chef-d’œuvre majeurs, dont une statue Hemba de style Niembo et une statue Sikasingo du célèbre Maître de Fizi. Cette dernière, estimée 300.000 à 500.000 €, est typique de la production attribuée à ce sculpteur originaire de la région du lac Tanganyika. Elle présente un corps puissant au torse épais et cylindrique, des jambes très ramassées, des bras traités en pans coupés et un renflement des épaules rejetées vers l’avant.
Une richesse artistique que Z parachève avec l’acquisition de créations contemporaines, au gré des rencontres et des évolutions. Un plan signé Christo sera ainsi proposé, The Floating fabric, Biscayne Bay project, Miami (1983). Il est estimé 150 000 à 200 000 €. Une œuvre d’Antonio Saura sera aussi mise en vente, Annie dans son fauteuil (1967), estimée 130 000 à 180 000 €.
La dispersion de la collection Z sera suivie d’un véritable défilé de fin d’année réunissant des items originaires de Papouasie Nouvelle-Guinée, de Polynésie, de Côte d’Ivoire ou du Congo…
Deux chefs-d’œuvre attireront toutes les convoitises. D’abord, un exceptionnel appuie-tête Luba Shankadi, attribué au Maître de la coiffure en cascade. On ne compte que 18 ouvrages de ce genre attribués à ce prestigieux sculpteur. La coiffure en cascade représentée sur cet appuie-tête, appelée mikanda, fut documentée par les voyageurs européens qui parcoururent la région à la fin du XIXe siècle. Elle disparut complètement vers les années 1928-1930. « Cette œuvre est la plus emblématique et la plus sophistiquée du Maître de la Coiffure en Cascade, commente Alexis Maggiar, directeur européen des arts d’Afrique et d’Océanie chez Sotheby’s. Pour la troisième fois depuis 2006, Sotheby’s aura le privilège de mettre en vente à Paris une des rares œuvres de cet artiste inimitable. »
Autre pièce exclusive, la figure de reliquaire Kota Obamba attribuée au maître de la Sébé (Gabon), estimée 700.000 à 1 million d’euros. « Ce maître est l’un des plus rares sur le marché de l’art africain, précise Alexis Maggiar. Il est aussi l’un des plus archaïques. On retrouve ici toute l’expression de son génie artistique individuel. »
Ces deux chefs-d’œuvre ont également un passif commun, puisqu’ils ont appartenu aux collectionneurs Charles Ratton et Murray Frum. Deux des noms les plus emblématiques en matière d’art tribal au XXe siècle. Parmi les autres trésors proposés, on appréciera une statue Fang du Gabon issue de la collection Paul Guillaume (entre 600.000 et 800.000 €). À voir également, le Pectoral Rei Miro originaire de l’Île de Pâques. Un chef-d’œuvre absolu de l’art polynésien, estimé 300.000 à 400.000 €. L’exposition publique des œuvres chez Sotheby’s commence samedi 8 décembre à 10h jusqu’au jour de la vente, samedi 12 décembre à 15h.