Bruxelles, le 19 janvier 2020
Pour sa première vente aux enchères de l’année, la maison bruxelloise Native propose, le 25 janvier, à partir de 19 heures, une sélection somme toute hétéroclite de 97 objets ou groupes d’objets d’art primitif, d’art moderne et de design du XXe siècle.
Parmi les pièces d’art tribal mises en vente, un spectaculaire masque en bois Songye (RD Congo), de 38 centimètres de hauteur, est estimé par les experts entre 150.000 et 250.000 euros. « Ce masque représente une belle synthèse des plus grandes expressions artistiques d’Afrique centrale : la beauté sensuelle des Luba et la force fascinante des Songye, deux peuples liés par des ancêtres communs », explique-t-on chez Native, un établissement ouvert en 2011, dans le quartier du Sablon, par deux anciens collaborateurs de la maison de vente allemande Lempertz, Nicolas Paszukiewicz et Sébastien Hauwaert. « La combinaison des deux styles est typique de la zone frontalière entre ces deux peuples. » Ce masque (lot 37), probablement collecté par un colon belge dans les années 1920, a appartenu au collectionneur liégeois Paul Gilman, puis à la galerie bruxelloise Pierre Dartevelle dans les années 1980, avant d’être acquis par le marchand d’art africain et moderne Henricus Simonis, basé à Düsseldorf. Celui-ci l’a présenté en 1996 dans le cadre d’une exposition organisée par la galerie Heimeshoff dans l’ancien complexe industriel de Zollverein, à Essen. Cet objet emblématique a ensuite transité par la galerie Didier Claes, à Bruxelles, et fait aujourd’hui partie d’une importante collection privée en Belgique.
Une statuette en bois Hemba-Kusu (lot 34), haute de 69 centimètres, à rapprocher de deux figures d’ancêtres semblables détenues par le musée du Quai Branly et le Met, compte également parmi les pièces majeures de cette vente aux enchères. Estimée entre 80.000 et 120.000 euros, elle a notamment transitée par la galerie d’Adrian Schlag, avant d’intégrer une collection privée. « On reconnaît dans cette sculpture de la région nord de Hemba, voisine de la région Basikasingo, les traits distinctifs, nobles et solennels, des Singitis, ancêtres primordiaux des Hemba, ainsi que son style naturaliste, combiné à l’abstraction que l’on trouve dans les figures Basikasingo », précisent les responsables de Native.
Plusieurs figures et objets Luba et Lega, caractéristiques de l’art de ces ethnies congolaises, sont susceptibles d’intéresser les collectionneurs, comme cette figurine Iginga en ivoire de 21 centimètres (lot 66), estimée entre 40.000 et 60.000 euros et issue d’une collection américaine débutée au début du XXe siècle, ou ce masque Idimu rare, de 21 centimètres, en bois, kaolin et fibres, provenant de l’ancienne collection coloniale de Belgique et situé dans la même fourchette d’estimation.
Au rayon art moderne, les promoteurs de la vente aux enchères attirent notamment l’attention des collectionneurs sur un dessin de Jean Delville (1867-1953, lot 7, estimé entre 10.000 et 12.000 euros), à la base d’une peinture monumentale pour la cour d’assises du palais de justice de Bruxelles, ainsi que sur un relief inconnu de Pol Bury (1922-2005, lot 31, estimé entre 40.000 et 60.000 euros) « qui pourrait être une œuvre à quatre mains », en l’occurrence les deux de Bury et celles d’un certain Victor Vasarely (1906-1997). Des œuvres de Walter Blanc, d’Henri Michaux, de Man Ray, de Kim En Joong et même de Jeff Koons sont également au catalogue. Parmi les objets de design du XXe siècle proposés aux enchères, on notera, entre autres, un flacon de poudre en jade signé René Lalique au tout début des années 1900 (lot 6, entre 6.000 et 8.000 euros), un prototype de table du minimaliste Maarten Van Severen datant de 1993 (lot 89, entre 12.000 et 15.000 euros) ou encore une lampe de table des années 1950 de Max Ingrand (lot 48, entre 4.000 et 6.000 euros).
L’ensemble des lots sera exposé du 21 au 24 janvier, de 10 à 18 heures, et le 25 janvier, de 10 à 16 heures, chez Native, 5 rue Ruysbroeck, à Bruxelles. Pour plus de détails : www.native-auctions.com